vendredi 24 décembre 2010

L’incontournable contourné : « Fi Bët yem » !

Les mains chargées, jeunes et vieux jouent au chat et à la souris avec les voitures au niveau de l’autoroute à hauteur de la Patte d’Oie. Des coups d’œil furtifs sont jetés à gauche et à droite, la vitesse des automobiles évaluée et c’est une course folle pour traverser.

Alors qu’à une centaine de mètre de là trône une passerelle construite à coup de millions et ignorée de tous. Son utilisation est royalement contournée. « Tayal ba dé » !

Cependant il suffit que deux gendarmes soient en faction aux environs pour que ces sénégalais imprudents se bousculent sur le pont : « foyé sa bakan, ragal alkati » !

Les bus Tata dont la vocation première était de prendre le relais des cars rapides et combattre les surcharges, sont aujourd’hui les champions de l’imprudence. Ces bus roulent à tombeau ouvert avec les portes ouvertes et des clients qui sont plus en dehors qu’à l’intérieur. Nous avons juste changé de cabine dans le Titanic. Il était question aux lendemains de la tragédie du Joola de changer de comportement surtout dans le secteur des transports. Mais le constat est là : aujourd’hui plus qu’hier nous prenons plus de risque en continuant à provoquer le diable et attendant qu’il nous refasse un clin d’œil.

Sur la route c’est au vu et au su de tout le monde que les chauffeurs sont raquettés par des hommes en tenue sensés incarner le respect de la loi : Mille francs (1000F) pour les délits de surcharge et cinq cents (500F) pour les infractions jugées mineures. Comment veux-t-on avec ces agissements renflouer les caisses de l’Etat ? L’amende est astucieusement contournée.

Chez nous le loyer tue le sénégalais sans qu’une solution ne soit trouvée. Une chambre de moins de six mètres carrés peut revenir à trente ou quarante milles francs le mois. Des sommes faramineuses transitent entre le locataire et son logeur en passant par un courtier ou une agence immobilière. Trois fois le prix du loyer mensuel est exigé avant la remise des clefs. A ce rythme beaucoup de nos compatriotes risquent de ne jamais connaître la joie d’avoir leur propre maison. Et que dire de ces agences immobilières qui poussent comme des champignons dans la capitale ? Sont-elles- toutes légales ?

Quant à certaines de nos filles qui doivent être la courroie de transmission des valeurs cardinales de notre société, elles sont perdues. Elles vivent la nuit et se reposent le jour venu.

Elles fument, forniquent, se soulent, se prostituent, volent… « Daniouy taggo Rufisque, dém Saly » avec comme outil de contournement le téléphone portable. Elles n’ont aucun scrupule à dire au parent au bout du fil qu’elles sont à Pikine alors qu’elles se la coulent douce à Grand Dakar.

La vérité est toute contournée !

Nos hommes eux sont nombreux à payer cash des kilos de viande grillée à la dibiterie ou au fast food, accompagnés de la maîtresse ; Alors qu’à la maison la femme, la légale, celle qui a dit oui devant le Maire, finit sa tasse de bouillie avec les enfants. Quand l’amante chausse du Dior, Madame, elle, se contente de sandale. Eh oui ! Ils investissent dans ce qu’ils cherchent et négligent ce qu’ils ont trouvé. « Samba alaar » !

La banlieue inondée, le plus pervers organise les habitants en association, demande un soutien et bouffe l’argent. Quand les espèces sonnantes et trébuchantes tardent à venir, il organise des marches, se fait inviter à la télé, tire à boulet rouge sur le pouvoir… Cette difficulté contournée on ne l’entend plus : Nous avons compris !

J'ai mal

J'ai mal de voir des enfants dans la rue

Très mal habillés dans le froid dès l'aube apparue

J'ai mal de les savoir esclaves d'un "marre à bout"

ignorant et poussant tout le monde à bout.

Mon coeur saigne de savoir Fatou,

divorcée et manquant de Tout,

un mari lache, caméléon

lui donnant des coups de pilon

Elle laissée à elle même

devient l'esclave de ses besoins

Pour nourrir ses enfants Idem

Elle fait les coins et recoins.

J'ai la rogne de voir mes soeurs

photocopier leur coeur:

amore pour Samba

"bout de chou" pour Demba.

Dans les boites de nuit une clope aux lèvres

elles font monter la fièvre.

J'ai mal de voir des frères

refusant d'être père

de cet enfant irresponsable

c'est de la lacheté à nul pareil incomparable

j'ai mal... j'ai mal...

Des amis de longue date pour un rien

se donnent en spectacle syrien

Moussa médit de Abdou

Lamine complote derrière Madou.

Tout est sens dessus dessous

j'ai mal...j'ai mal

SMS ! « Sauvez Moi du Suicide »

Seule sous ma couette je ressasse les bons moments que j’ai passés avec mon mari, mon « Aladji », mon « Tiapali bonbon », mon…

Je me remémore chacun de ses mots doux prononcés, chacun de ses actes posé pour toujours me témoigner de son amour durant nos trois ans de mariage : que du bonheur !

Dring ! Un nouveau message sur mon portable…

- P….Qui oses m’envoyer un texto à un moment pareil ? Pas grave je le lirai après.

Je me concentre pour pénétrer de nouveau dans ce monde de rêve où ne résident que mon mari et moi. Je n’y arrive cependant pas malgré mes efforts.

Je prends mon téléphone pour lire le message qui m’y attend depuis quelques minutes déjà. Je constate que l’expéditeur m’est inconnu mais je le lis tout de même :

- « ton mari… »

Oh non ! Pas lui ! Il ne peut pas tomber aussi bas. J’efface vite le contenu du message en prenant le soin d’enregistrer le numéro de l’expéditeur.

Aussitôt je n ‘ai plus sommeil et je bouillonne de l’intérieur. Mon cœur déjà malade ne tient plus, une tachycardie l’emballe ; je suffoque et des larmes chaudes coulent de mes yeux.

Malick est le seul homme que j’ai vraiment aimé. Nous nous sommes connus six mois avant notre mariage à l’occasion des noces de sa cousine. Il venait juste de soutenir sa thèse de docteur en médecine et exerçait dans une clinique de la place.

Nous étions très proches durant ces six mois : on s’est vu, on s’est aimé et on est resté ensemble. Toute la journée on s’envoyait des textos à défaut de pouvoir parler au téléphone. Nous avons visité ensemble toutes les plages de la ville, avons dîné dans les plus grands restaurants et quand les choses ont commencé à être sérieux avec moi il a été franc avec moi :

- Fatou, je t’aime et te le dire devient un pléonasme. Je veux faire ma vie avec toi. Veux tu être ma femme ?

- Oui ! Waaaw ! yes ! Naham ! Si ! j’accepte ! lui avais je répondu.

- Je m’étais même retournée pour voir si les autres clients du resto ne m’avaient pas entendue.

Ensuite ce fut une histoire classique, une histoire ordinaire : des rencontres, des accords entre nos parents respectifs et un mariage scellé en grande pompe.

Très vite nous avons déménagé dans un studio modeste à la périphérie de la ville pour permettre à mon mari de se faire une santé financière et réaliser ses rêves. J’ai accepté tous les sacrifices : prendre un repas par jour, porter le même boubou trois Tabaski de suite…

Mon mari revient du travail et j’essaie d’oublier. Cependant chaque fois mon téléphone sonne je sursaute. J’ai peur !

Je rappelle le de ce message assassin :

« Ton mari te trompe. Il est en ce moment avec sa maîtresse. Si tu veux en avoir le cœur net appelle le et tu auras sa boite vocale ».

C’est ce que j’avais fait sans hésiter. Quand j’ai composé son numéro j’ai prié de toute mon âme pour qu’il me réponde au bout du fil.

« Vous avez atteint la boite vocale de… » Et je n’avais pas attendu le reste.

« Seytané waxoul deug wayé yakh na khel » !

Je me surprends aujourd’hui à fouiller dans ses poches, à humer le parfum de ses chemises, à infiltrer sa messagerie… Qu’est ce que je cherche ? Même moi je ne le sais pas ! Peut être une preuve de sa culpabilité.

Il en fut ainsi tous les jours et toutes les nuits. Je suis devenue un vrai piment « Kaani Tyson » ! Tout est prétexte pour créer des problèmes à mon mari. Il mange même s’il n’a pas faim de peur de m’entendre lui dire « Eh oui ! Tu peux pas manger deux fois car tu l’a déjà fait chez ta pétasse ». Plus rien ne me satisfait !

Mon mari maigrit de jour en jour et finit de signer un pacte de fidélité avec la télévision.

Ce qui devait arriver arriva : je demande le divorce pour retourner chez mes parents sans pour autant dire à mon mari que tout est venu d’un message que j’ai reçu.

Mon mari se remarie sept mois après et moi je continue à me morfondre chez mes parents.

Je continuai à protéger ma source. Mais quelle source ? Euréka !!! P… Pourquoi je n’y ai pas pensé avant ? Je n’ai jamais appelé mon informateur anonyme. Je compose son numéro et j’attends. Au bout du fil, une voix féminine :

- Allo !

- Allo ! oui ! Bonjour !

Pour cacher ma nervosité je la mis à l’aise avant de lui raconter ma mésaventure du début jusqu’à la fin. Et vous savez quoi ? Le texto n’était pas pour moi mais plutôt pour une de ses copines qui vit à Ziguinchor avec son mari.

J’ai voulu l’insulter, l’étrangler, la tuer… Tout ce que j’ai trouvé à lui dire c’est « Merci ».

Que faire, maintenant que le mal est fait?

Sauvez moi du suicide ! SMS !