mercredi 27 janvier 2010

Akh Njurel !



La famille est l’unité centrale d’équilibre de toute société. Tu fais partie intégrante de cette famille et tu as un rôle prépondérant à y jouer et cela à tous les niveaux de la chaîne. Tu dois à tes parents respect et obéissance ; à ta mère qui, pendant neuf mois, t’a porté, a eu des nausées, des vertiges, des insomnies pour que tu puisses être. Le jour de ta naissance a été le plus beau jour et en même temps le plus cauchemardesque, le plus risqué de toute sa vie. Combien sont-elles à mourir en donnant la vie ? victimes d’anémie, d’ignorance ou tout simplement du fait que tu as choisi de venir au monde les pieds devant. Césarienne ! Solution de rechange pour ne pas te perdre.

A ta première parole elle a sauté de joie, elle s’est cachée pour pleurer, a remercié le Bon Dieu.

C’est elle qui t’a allaité, t’a porté sur le dos, a fait la longue queue pour que le Médecin te consulte, a veillé sur toi pendant que tu pleurais la nuit.

Combien sont-elles à étrangler leur bébé, à l’abandonner sur les dépotoirs ou devant les portes des autres ?

La tienne a choisi de te garder, de rêver avec toi, de lutter contre vents et marées pour toi.

Elle a prié plusieurs fois que Dieu l’emporte à ta place croyant que tu ne te relèveras pas de cette maladie qui te cloue au lit. Eh oui, elle a osé demandé l’échange et elle était prête.

Avant que tu ne viennes au monde personne ne l’entendait dans le quartier ; elle était presque muette. Maintenant à cause de toi, elle va de maison en maison, remettre les points sur les i à la maman de l’enfant qui a osé te frapper. Partout où elle passe on la montre du doigt : « Mere bii kene dou laal domam » !( cette dame là,personne ne touche à son enfant)

Pour faire bouillir la marmite, plus entretenue par un père qui s’en fout pas mal, elle se met à de petits boulots : vendre des cacahuètes ( mère thiaff bi), garder les enfants des autres, faire la bonne, la lavandière…faire la manche ! Qu’elles sont braves nos femmes !

« Liggueyou ndey anioup doom » ! « Ku soor sa djeukeur, Yékk sa doom » !

Tout ce que tu deviendras de mauvais lui sera imputé ; elle ne sera que la seule responsable.

« Liggeyou Baay nak » ? « Ku soor sa djabar nak » ?

La société juge cette femme à travers toi ; et quand tu réussis c’est l’œuvre de tout le monde ; elle, on l’oublie. Toi en premier !

C’est cette femme que tu fais souffrir, que tu fais pleurer, que tu bats, que tu insultes ; Ne pouvant le faire directement, tu insultes les mamans des autres. Quel idiot !

Tu lui demande de t’appeler avant de venir te voir, de rester au village et d’attendre que tu lui envoie de quoi survivre. Yaa Bone !

Maman n’a pas acquise les bonnes manières. Elle est restée villageoise cause pour laquelle tu ne veux pas qu’on la voit, qu’on la rencontre, que l’on sache que cette brave villageoise est ta mère.

Sur les murs de ton salon, tu peux mettre les photos des autres mais jamais celle de ta mère ; même celle de la star Beyonce ; non, tu n’as rien compris car la vraie star c’est ta maman !

Ton distributeur de billets peut fonctionner pour tout le monde, même pour les pétasses mais jamais pour ta mère.

Et Dieu sait que malgré toute cette indifférence que tu lui témoignes, elle ne te déteste pas. Elle t’aime plus que sa propre personne.

Il est temps pour toi de la couvrir d’amour, de tendresse, de présents.

Même décrocher la lune pour elle ne sera pas de trop pour cette dame extraordinaire dont tu représentes la réalité des rêves.

PS : Arrêtes toi une minute, fermes les yeux et pense à ta maman très fort. Si elle n’est plus de ce monde remémore toi son image et prie pour elle car elle t’entendra.

Fais à cet instant même un geste pour elle ; si tu as la chance qu’elle soit toujours en vie, compose son numéro ou un texto pour juste lui dire « Maman je t’aime » !

Souleymane Ly

Julesly10@yahoo.fr

77 651 65 05

lundi 11 janvier 2010

Plaintes et Complaintes

Dans mon Pays….

Des enfants sont tués, abandonnés, jetés en pâture aux chiens au nom d’une paternité refusée, d’un mari émigré, d’un délit d’adultère dont cet enfant risquerait d’être la preuve vivante, la tache indélébile…

Dans mon pays...

Des gamins investissent les rues, tendent la main, bravent le froid, mal habillés, pieds nus pour enrichir et nourrir un adulte et sa famille.

Dans ce pays…Tout le monde est en grève : les enseignants, les agents de santé, les professionnels du nettoiement… Tout le monde quoi !

Grève de la faim, marches, pressions de toutes sortes ; toujours pour un privilège, pour une part du gâteau mais jamais pour un déficit de travail.

Dans les bureaux, les costumes et les cartables remplacent les occupants qui viennent en retard et repartent avant l’heure au nom d’un problème urgent à régler, de l’embouteillage à éviter…

Une simple signature peut être dans le « circuit » durant une année, accélérée juste par un pot de vin ou un pot de « Bissap ».

Dans mon pays…

Des femmes sont battues, des enfants violés… Même les bébés de moins de douze mois y passent maintenant.

Des femmes peuvent être égorgées, mutilées, décapitées, charcutées sans autre forme de procès.

Dans mon cher Sénégal…

Chacun cherche à paraître : belles voitures, belles maisons, des femmes « pédicures-manucures », des enfants chichis ….même s’il faut s’endetter ou puiser dans la bourse de celui qui ne se doute de rien : le contribuable qui ne sait même pas qu’il contribue.

Des sommes faramineuses sont distribuées à Sorano, dans les baptêmes…alors que la moitié de cette manne aurait pu régler les problèmes de cette femme assise devant cette grande salle de fête et qui mendie pour nourrir ses enfants.

C’est à ne rien y comprendre. Tu y comprends quelque chose, toi ?

Que dire de cette famille qui organise un grand baptême alors que la maison manque du minimum nécessaire ?

Dans mon pays…

Le frère peut entretenir des relations adultérines avec l’épouse du père, l’ami avec celle de celui qu’il appelle « Sama Domu Ndey », le maître avec son élève… sans que cela n’émeut .Ah oui ! J’oubliai que chez moi le linge sale se lave en famille.

Dans mon cher pays…

Tout le monde veut partir sans être appelé. Personne ne veut rester. On brade le passé et le présent de toute la famille pour permettre à l’ainé de voyager et qui une fois sur place oublie que son projet a été porté par toute une famille : son héritage et celui des autres.

Même entre Barça et « Barsakh », dans mon pays, on tente le choix au risque de nous faire chasser à coups de pieds et de nous présenter comme une race prête à tout pour fuir la misère qui n’est que psychologique.

Dans mon pays…

L’homme peut sortir avec cinq filles et vice versa. L’essentiel est de savoir mentir et mettre en place des scénarii digne d’un Spike Lee ou d’un Moussa Sène Absa.

Dans mon Sénégal…

Tu voles un œuf ou une orange, on te traque, on te montre du doigt ; Tu voles l’argent du peuple et tout le monde t’envie, on te cite en exemple pour la postérité.

Si tu as de l’argent, tu comptes dans la famille plus que les autres. Tu fais la pluie et le beau temps et ta voix est prépondérante en tout.

Dans mon cher Sénégal…

Tout sujet peut faire l’objet d’un débat. Ineptie ou pas ? On n’en a cure. L’essentiel est de former deux camps et de savoir investir les médias qui ont la magie de toucher tout un peuple.

Au pays, tu peux inventer n’importe quoi sur n’importe qui et le soutenir avec des arguments fallacieux ; il suffit juste d’avoir l’art de la rhétorique.

On ne respecte jamais le silence pour les absents : « Djeuw rek ! »

Dans mon pays…

Les familles des hommes élus ou nommés, au lieu d’avoir peur pour ces derniers vue la lourdeur des tâches qui leur sont confiées, organisent une grande fête, un « Taanbeer » et se disent intérieurement « Ouf ! Voilà arrivée la fin de tous nos problèmes existentiels ! »

Et ces hommes, s’ils ne prennent pas de distance, de la hauteur par rapport à leur élection ou leur nomination, tombent inéluctablement dans le piège de ces souteneurs affamés, opportunistes et nomades. Quelle tristesse !

Mais t’inquiètes ! Ils répondront tous devant Le Tout Puissant, de nous avoir fait subir tout ce mal, de nous avoir affamés, mentis , battus, snobés, méprisés… Laisses mouton pisser rek ….

Dans mon pays…

Un trophée, même en fer forgé, un jeu de maillot et une enveloppe de vingt cinq mille francs, poussent des équipes à visiter des tombes la nuit, à sacrifier l’avenir d’un frère sénégalais…

Et dans ces « Navétanes » (activités de vacances) tous les efforts sont mobilisés dans le sport et rien dans la culture, les cours de vacances, les conférences à thèmes et les jeux de l’esprit. Et tout se déroule dans une violence ineffable.

Dans mon cher Sénégal…

L’université est le repaire des mouvements de soutien aux partis politiques. Se rendre à la faculté y est devenu vraiment facultatif. On s’y adonne beaucoup plus aux petits commerces qu’aux études. Voilà comment se forme notre élite nationale.

Au Sénégal…

La rue publique, « Mbedd Bur », est le théâtre de toutes les abominations. On y fait ce qu’on veut : jeter des ordures, stationner n’importe comment, installer des cantines et des étals, voler les couvercles des égouts…

La chose publique n’est jamais respectée. On l’assimile aux affaires des gouvernants.

« Li Gneup Bok, louney kouné ngui ci » !

Dans mon pays…

On ne peut pas tout dire : « Li Duff ci nak bi yeup, xédioul ci cine li » !

Introspection maintenant !

Souleymane Ly

77 651 65 05

Julesly10@yahoo.fr

www.julesly.blogspot.com