Dans mon pays…
Le spirituel dispute la vedette au temporel.
« ki ñep yakaar »
roule en limousine pendant que l’on marche ;
mange gras pendant que l’on jeune ;
« deale » politique en terme de millions
Dans mon pays…
Le spirituel parle plus politique que religion ;
Il menace, intimide, presse, appelle du pied
au nom de ses millions de « fictifs talibés »
Transformés en machine électorale.
Dans mon Sénégal…
Je recommande à tous les musulmans
Les sourates 101, 102 et 103 du coran
Al Takâsur (la rivalité), Al ‘Asr (l’Instant) et Al Humazah (le Calomniateur).
Dans mon pays…
Le peuple subit toutes les hausses
Huile, sucre, loyer, « Dakar Dem Dik »
Si ça continue « Dinañu dem té duñu dik ».
ceux qui ont la chance de partir ne pensent même pas revenir.
Dans mon cher pays…
Les promotions sont « canapés-lits »
et la parité ne fera que l’accentuer.
Pour réussir on y est prêt à tout
Tuer, sacrifier, se baigner dans du sang…
« Lu ko fi jar ? »
Dans ce cher Sénégal…
On peut gagner cent millions en quelques secondes
et refuser de cotiser pour la construction nationale.
Dans mon pays…
On peut se targuer d’être talibé d’untel,
faire tout le contraire de ce qu’il prescrit
et espérer accéder aux paradis divins.
« bala ngani naam ne faa ! »
forniquer, se saouler, voler, mentir, comploter…
n’ont jamais été les prescriptions de nos illustres guides.
Eux qui ont fuit le temporel pour réussir leur mission.
Qu’ont-ils laissé en héritage ?
Tout sauf des biens matériels.
Dans mon Sénégal…
Le policier raquette le taximan, le chauffeur de car…
devant tout le monde sans que personne ne lève le plus petit doigt.
Tous les moyens sont bons pour vous soutirer de l’argent :
Clignotant, feux de position…je dis tout.
Demain ils nous reprocheront d’être mal habillés
ou d’écouter telle station radio et pas une autre.
Dans mon pays…
Parler au téléphone au volant ça fait classe.
Les bus tuent plus qu’ils ne transportent.
Dans mon Sénégal…
La corruption a fini de faire partie de nos mœurs
Qui a créé « nuyo mouride », « njegu guro », « graisser »… ?
Même pour obtenir un extrait de naissance il faut « huiler ».
Dans mon pays…
Ceux qui sont autour du bol ne crient jamais ;
Ils ne protestent et ne se radicalisent que quand le fromage leur est enlevé de la bouche ;
Ils sont prêts à tout pour rester ; s’il le faut, faire allumer des pneus et barrer la route.
Dans mon pays…
Des adultes et des vieux aux cheveux blancs,
toute honte bue, défendent l’indéfendable tous les jours
avec des arguments qui font sourire les enfants de la maternelle.
Nous vous comprenons Messieurs et dames :
« affair bi dafa nékh » !
Voitures de luxe, des villas, téléphone, carburant, passeport diplomatique, comptes bancaires f
« kumu donone nga saalit » !
Dans mon cher Sénégal…
Des cuillers peuvent coûter 45.000 francs
Des fonctionnaires fictifs payés
Des terres spoliées
Les prix de location atteindre des niveaux extraordinaires
Sans que le peuple ne réagisse.
Il dort et n’est pas prêt de se réveiller.
Dans mon pays…
Nos étudiants entrent à l’Université avec le Bac
Et en ressortent avec le Bac ;
Et quand ils ne sont pas contents
Ils s’en prennent à
Ils cassent nos biens à tous !
Dans mon Sénégal…
reposent Cheikh Ahmadou Bamba, Elh Malick Sy,
Mame Limamou Laye, Baye Niasse…
Eux qui ne sont pas fiers de ce que nous sommes devenus.
Dans mon pays …
Celui ou celle qui donne la paire de gifle est promue ;
Il faut juste la donner en premier.
L’on nous dit toujours, pour mieux nous endormir,
Que le peuple a mûri !
Que neni ! Ce peuple n’a encore rien compris.
S’il avait mûri il n’aurait pas croisé les doigts
devant le désarroi des sinistrés de la banlieue ;
Il n’aurait pas voté oui ou non pour une constitution dont il n’a rien compris ;
Il aurait exigé une feuille de route dans toutes les langues, expliquée et commentée
A tous les partis convoitant son suffrage.
S’il avait compris il aurait…il aurait…
Dans mon cher pays…
Comment voulez vous qu’on vous y écoute
Si nous sommes les seuls à subir les hausses ;
Les seuls à voir nos enfants mourir de paludisme et de diarrhée ;
Si nous sommes les seuls à payer pour nos soins ;
Les seuls dont la progéniture crasseuse peuple les écoles publiques ;
Les seuls à suer dans les embouteillages ;
Dans mon pays…
Nous sommes les seuls à souffrir de migraine,
Tellement on ne dort pas surtout la veille des fins de mois.
Dans mon Sénégal…
Le peuple est étranglé
Et a besoin d’air
Desserrez l’étau s’il vous plait !
Au pied du mur on a plus le choix
Nous risquons de réagir !
Souleymane Ly
776516505
Julesly10@yahoo.fr