vendredi 24 décembre 2010

L’incontournable contourné : « Fi Bët yem » !

Les mains chargées, jeunes et vieux jouent au chat et à la souris avec les voitures au niveau de l’autoroute à hauteur de la Patte d’Oie. Des coups d’œil furtifs sont jetés à gauche et à droite, la vitesse des automobiles évaluée et c’est une course folle pour traverser.

Alors qu’à une centaine de mètre de là trône une passerelle construite à coup de millions et ignorée de tous. Son utilisation est royalement contournée. « Tayal ba dé » !

Cependant il suffit que deux gendarmes soient en faction aux environs pour que ces sénégalais imprudents se bousculent sur le pont : « foyé sa bakan, ragal alkati » !

Les bus Tata dont la vocation première était de prendre le relais des cars rapides et combattre les surcharges, sont aujourd’hui les champions de l’imprudence. Ces bus roulent à tombeau ouvert avec les portes ouvertes et des clients qui sont plus en dehors qu’à l’intérieur. Nous avons juste changé de cabine dans le Titanic. Il était question aux lendemains de la tragédie du Joola de changer de comportement surtout dans le secteur des transports. Mais le constat est là : aujourd’hui plus qu’hier nous prenons plus de risque en continuant à provoquer le diable et attendant qu’il nous refasse un clin d’œil.

Sur la route c’est au vu et au su de tout le monde que les chauffeurs sont raquettés par des hommes en tenue sensés incarner le respect de la loi : Mille francs (1000F) pour les délits de surcharge et cinq cents (500F) pour les infractions jugées mineures. Comment veux-t-on avec ces agissements renflouer les caisses de l’Etat ? L’amende est astucieusement contournée.

Chez nous le loyer tue le sénégalais sans qu’une solution ne soit trouvée. Une chambre de moins de six mètres carrés peut revenir à trente ou quarante milles francs le mois. Des sommes faramineuses transitent entre le locataire et son logeur en passant par un courtier ou une agence immobilière. Trois fois le prix du loyer mensuel est exigé avant la remise des clefs. A ce rythme beaucoup de nos compatriotes risquent de ne jamais connaître la joie d’avoir leur propre maison. Et que dire de ces agences immobilières qui poussent comme des champignons dans la capitale ? Sont-elles- toutes légales ?

Quant à certaines de nos filles qui doivent être la courroie de transmission des valeurs cardinales de notre société, elles sont perdues. Elles vivent la nuit et se reposent le jour venu.

Elles fument, forniquent, se soulent, se prostituent, volent… « Daniouy taggo Rufisque, dém Saly » avec comme outil de contournement le téléphone portable. Elles n’ont aucun scrupule à dire au parent au bout du fil qu’elles sont à Pikine alors qu’elles se la coulent douce à Grand Dakar.

La vérité est toute contournée !

Nos hommes eux sont nombreux à payer cash des kilos de viande grillée à la dibiterie ou au fast food, accompagnés de la maîtresse ; Alors qu’à la maison la femme, la légale, celle qui a dit oui devant le Maire, finit sa tasse de bouillie avec les enfants. Quand l’amante chausse du Dior, Madame, elle, se contente de sandale. Eh oui ! Ils investissent dans ce qu’ils cherchent et négligent ce qu’ils ont trouvé. « Samba alaar » !

La banlieue inondée, le plus pervers organise les habitants en association, demande un soutien et bouffe l’argent. Quand les espèces sonnantes et trébuchantes tardent à venir, il organise des marches, se fait inviter à la télé, tire à boulet rouge sur le pouvoir… Cette difficulté contournée on ne l’entend plus : Nous avons compris !

J'ai mal

J'ai mal de voir des enfants dans la rue

Très mal habillés dans le froid dès l'aube apparue

J'ai mal de les savoir esclaves d'un "marre à bout"

ignorant et poussant tout le monde à bout.

Mon coeur saigne de savoir Fatou,

divorcée et manquant de Tout,

un mari lache, caméléon

lui donnant des coups de pilon

Elle laissée à elle même

devient l'esclave de ses besoins

Pour nourrir ses enfants Idem

Elle fait les coins et recoins.

J'ai la rogne de voir mes soeurs

photocopier leur coeur:

amore pour Samba

"bout de chou" pour Demba.

Dans les boites de nuit une clope aux lèvres

elles font monter la fièvre.

J'ai mal de voir des frères

refusant d'être père

de cet enfant irresponsable

c'est de la lacheté à nul pareil incomparable

j'ai mal... j'ai mal...

Des amis de longue date pour un rien

se donnent en spectacle syrien

Moussa médit de Abdou

Lamine complote derrière Madou.

Tout est sens dessus dessous

j'ai mal...j'ai mal

SMS ! « Sauvez Moi du Suicide »

Seule sous ma couette je ressasse les bons moments que j’ai passés avec mon mari, mon « Aladji », mon « Tiapali bonbon », mon…

Je me remémore chacun de ses mots doux prononcés, chacun de ses actes posé pour toujours me témoigner de son amour durant nos trois ans de mariage : que du bonheur !

Dring ! Un nouveau message sur mon portable…

- P….Qui oses m’envoyer un texto à un moment pareil ? Pas grave je le lirai après.

Je me concentre pour pénétrer de nouveau dans ce monde de rêve où ne résident que mon mari et moi. Je n’y arrive cependant pas malgré mes efforts.

Je prends mon téléphone pour lire le message qui m’y attend depuis quelques minutes déjà. Je constate que l’expéditeur m’est inconnu mais je le lis tout de même :

- « ton mari… »

Oh non ! Pas lui ! Il ne peut pas tomber aussi bas. J’efface vite le contenu du message en prenant le soin d’enregistrer le numéro de l’expéditeur.

Aussitôt je n ‘ai plus sommeil et je bouillonne de l’intérieur. Mon cœur déjà malade ne tient plus, une tachycardie l’emballe ; je suffoque et des larmes chaudes coulent de mes yeux.

Malick est le seul homme que j’ai vraiment aimé. Nous nous sommes connus six mois avant notre mariage à l’occasion des noces de sa cousine. Il venait juste de soutenir sa thèse de docteur en médecine et exerçait dans une clinique de la place.

Nous étions très proches durant ces six mois : on s’est vu, on s’est aimé et on est resté ensemble. Toute la journée on s’envoyait des textos à défaut de pouvoir parler au téléphone. Nous avons visité ensemble toutes les plages de la ville, avons dîné dans les plus grands restaurants et quand les choses ont commencé à être sérieux avec moi il a été franc avec moi :

- Fatou, je t’aime et te le dire devient un pléonasme. Je veux faire ma vie avec toi. Veux tu être ma femme ?

- Oui ! Waaaw ! yes ! Naham ! Si ! j’accepte ! lui avais je répondu.

- Je m’étais même retournée pour voir si les autres clients du resto ne m’avaient pas entendue.

Ensuite ce fut une histoire classique, une histoire ordinaire : des rencontres, des accords entre nos parents respectifs et un mariage scellé en grande pompe.

Très vite nous avons déménagé dans un studio modeste à la périphérie de la ville pour permettre à mon mari de se faire une santé financière et réaliser ses rêves. J’ai accepté tous les sacrifices : prendre un repas par jour, porter le même boubou trois Tabaski de suite…

Mon mari revient du travail et j’essaie d’oublier. Cependant chaque fois mon téléphone sonne je sursaute. J’ai peur !

Je rappelle le de ce message assassin :

« Ton mari te trompe. Il est en ce moment avec sa maîtresse. Si tu veux en avoir le cœur net appelle le et tu auras sa boite vocale ».

C’est ce que j’avais fait sans hésiter. Quand j’ai composé son numéro j’ai prié de toute mon âme pour qu’il me réponde au bout du fil.

« Vous avez atteint la boite vocale de… » Et je n’avais pas attendu le reste.

« Seytané waxoul deug wayé yakh na khel » !

Je me surprends aujourd’hui à fouiller dans ses poches, à humer le parfum de ses chemises, à infiltrer sa messagerie… Qu’est ce que je cherche ? Même moi je ne le sais pas ! Peut être une preuve de sa culpabilité.

Il en fut ainsi tous les jours et toutes les nuits. Je suis devenue un vrai piment « Kaani Tyson » ! Tout est prétexte pour créer des problèmes à mon mari. Il mange même s’il n’a pas faim de peur de m’entendre lui dire « Eh oui ! Tu peux pas manger deux fois car tu l’a déjà fait chez ta pétasse ». Plus rien ne me satisfait !

Mon mari maigrit de jour en jour et finit de signer un pacte de fidélité avec la télévision.

Ce qui devait arriver arriva : je demande le divorce pour retourner chez mes parents sans pour autant dire à mon mari que tout est venu d’un message que j’ai reçu.

Mon mari se remarie sept mois après et moi je continue à me morfondre chez mes parents.

Je continuai à protéger ma source. Mais quelle source ? Euréka !!! P… Pourquoi je n’y ai pas pensé avant ? Je n’ai jamais appelé mon informateur anonyme. Je compose son numéro et j’attends. Au bout du fil, une voix féminine :

- Allo !

- Allo ! oui ! Bonjour !

Pour cacher ma nervosité je la mis à l’aise avant de lui raconter ma mésaventure du début jusqu’à la fin. Et vous savez quoi ? Le texto n’était pas pour moi mais plutôt pour une de ses copines qui vit à Ziguinchor avec son mari.

J’ai voulu l’insulter, l’étrangler, la tuer… Tout ce que j’ai trouvé à lui dire c’est « Merci ».

Que faire, maintenant que le mal est fait?

Sauvez moi du suicide ! SMS !

samedi 12 juin 2010

Clash !



Clash !



Seuls dans notre chambre, il est 2h30 du matin; une main tapote mes hanches et je sursaute.


-excuse moi, je veux e parler me chuchote une voix.


je me réveille; j'essaie de retrouver mes esprits. où suis je?


ah ! je suis dans la chambre avec mon mari.


- que se passe t-il?.


- je veux te parler car je n'en peux plus.


- je t'écoute, dis.


- voilà, je voudrai que tu quittes la maison demain; je te libère. "fassé nala".


Mon sang ne fit qu'un tour; un seul tour nak car je m'y attendais.


Depuis longtemps j'essuie des revers. Il me trouve maintenant trop grosse, mes repas devenus trop salés ou trop fades, ses chemises mal repassées avec toujours des plis imaginaires...


Il trouve même que je materne beaucoup: cinq enfants! que je me suis faite toute seule peut être; lui qui a toujours dit que la planification rime avec la xénophobie.


Quand Moussa me courtisait c'était toujours des mots doux: "tu es la plus belle", "tu es ma reine"...


Il me couvait, me cajolait et me protégeait.


Nous fûmes vite unis par des parents "niak caxaan" !


j'étais aux anges. je lui avais proposé de garder mon emploi mais lui ne voulait pas. Il me servait toujours:


- Ma chèrie "yow tamite" tu n'as pas besoin de travailler ; je suis cadre à la banque et je peux subvenir à tes besoins. Tout ce que j'attends de toi est que tu t'occupasses de nos enfants.


Trop naive, je l'ai cru. je quittai mon travail et je l'attendai sagement à la maison, "di defar bamu baax"!


je me mettais toujours sur mon 31 attendant impatiemment son retour; je l'aidais à se déshabiller avant de plonger ses pieds dans de l'eau tiède pour les masser afin de faire disparaître sa fatigue du jour; ensuite je l'appelais 'nijaay"!


"seey na déééé"!!!!!


Les choses ont commencé à se détériorer après la naissance de mon troisième enfant.


Je suis devenue trop encombrante pour lui; "xanaa tay"!


Il s'est trouvé une seconde épouse qui récolte les fruits de ma labeur pour me pousser à la porte mais rien n'y fit; je suis restée pour mes enfants.


j'ai passé l'éponge sur ses pseudoséminaires, ses réunions nocturnes, ses messsages sur son portable toujours en mode silencieuse...


Attendre demain pour partir? pourquoi?


Je me levai avant d'aller réveiller mes enfants; Lui, mon mari me regardait faire guettant ma réaction; j'ai eu envie de lui dire:


" rassures toi; je ne vais pas faire de scandale car ce divorce je l'ai consommé depuis longtemps; j'attendais juste la notification; dans ta maison j'y ai vécu avec Dieu; en dehors je vivrai avec LUI".


Mes pensées sont allées à toutes ces femmes qui vivent le martyr chez elles, qui sourient en pleurant, qui dansent avec un coeur immobile; toutes ces femmes niches de secrets, de calomnies... que l'on accuse injustement d'adultère.


Elles sont braves car la terre entière n'aurait pas pu contenir les larves du volcan de leur amertume. Elles se taisent pour sauver ces maris , ces hommes gais dehors et trop sévères à la maison.


Celles qui ont la chance d'avoir un bon mari , sachez que vous détenez l'oiseau rare, l'espèce en voie de disparition. Gardez le dans le parc inviolable de votre coeur et dans la réserve classée de votre grande compréhension. Protégez le des braconnières !


"Na yalla déf ci sééy yeup jam"!


Amen



Souleymane Ly


77 651 65 05


julesly10@yahoo.fr

lundi 7 juin 2010

De l'urgence de la Renaissance Africaine

Le mot Renaissance signifie le réveil, le renouveau, la résurrection, l’action de connaître un nouvel essor ; c’est renaître, c'est-à-dire revenir à la vie, croître de nouveau, recommencer à vivre.

Il faut pour cela reconnaître que l’Afrique ne vit plus ou que la vie lui est interdite.

En tant qu’ensemble géopolitique et géostratégique dans le monde, l’Afrique n’existe pas. Elle est absente. Elle se refuse de construire une logique historique qui lui soit propre, pour la construction de son futur ; c’est un constat.

Au plan strictement historique, nous avons toujours laissé faire ; nous avons accepté le drame africain. Un drame qui est physique avec ses chaînes, ces pendaisons, ces assassinats, ces villages incendiés, ces hommes valeureux capturés et échangés.

Nous avons vécu quatre siècle de traite négrière, un siècle de destruction et d’exploitation coloniale, le partage de l’Afrique à la Conférence de Berlin en 1884-1885 qui fut l’acte de vandalisme et de vol le plus criminel de toute l’histoire de l’humanité ; et les frontières actuelles sont elles mêmes un legs du crime colonial.

Je n’oublie pas le siècle d’apartheid en Afrique du Sud.

Du XVIè au XXé siècle, nous n’avons cessé de travailler pour les autres, de construire l’économie des autres, de fournir gratuitement toutes les matières premières et la main d’œuvre. Et l’Europe s’est faite la part belle dans cette exploitation de notre continent.

A coté de ce drame physique, ils n’ont cessé de nous bâillonner psychologiquement en distillant des qualificatifs qui ne font que nous rabaisser : « le beau sauvage », « le primitif », « le non civilisé », « le colonisé », « le sous développé »… Je comprends Diziz La Peste (rappeur franco sénégalais) quand il dit qu’il croyait qu’en Afrique les gens vivaient dans les forêts et qu’ils donnaient la main aux lions…C’est ce qu’on lui a fait comprendre à l’école.

C’est tellement abyssal en nous que nous ramenons tout le meilleur au blanc ; Au Sénégal, par exemple, quand tu es propre ou bien habillé on dit de toi que « toubab nga » ( tu es un blanc) ;c’est valable pour une belle maison « keurou toubab », de belles chaussures « dalu toubab »…

Les Afrique de mépris venues d’ailleurs concourent à cela : « Afrique mal partie », « Afrique fantôme », « Afrique sauvage »

Il est urgent pour nous de vaincre notre peur, d’aller au-delà de la tranquillité des habitudes, de la facilité, du statu quo, de la paresse, de l’apathie, du discours intellectuel qui escamote l’essentiel et aller résolument vers le changement, l’innovation, le travail pour enfanter autre chose, le discours qui clarifie pour mieux armer les consciences ; bref vers les Etats-Unis d’Afrique.

Et cela sans demander l’aval ou la caution de qui que se soit. Quand au Japon, l’Empereur Mutsuhito (1852-1912) proclamait sa volonté de réforme et d’occidentalisation, en reprenant le pouvoir confisqué par les shoguns, les chefs militaires, et en donnant une constitution au pays en 1889 (l’ère du Meiji de 1868 à 1912), a-t-il demandé l’avis des africains.

Quand Churchill (1874-1965) au sortir du désastre de la deuxième guerre mondiale, enclenchait la renaissance européenne, a-t-il demandé notre avis ?

Aujourd’hui il est nécessaire d’aller vers la Renaissance africaine car l’urgence et la nécessité se font sentir.

Aucun peuple ne fait la renaissance pour un autre peuple. Aucune Renaissance ne tombe du ciel. La Renaissance n’est pas une forme nouvelle de la coopération bilatérale ou multilatérale. Elle est rupture avec le statu quo et décision souveraine de revenir à la vie que l’on souhaite.

C’est dans cette lancée que je salue l’idée de reprise des bases françaises établies au Sénégal par les autorités du pays. Sans entrer dans des considérations de politique politicienne j’en appelle à d’en faire de même ; c’est important !

A cause du drame africain et surtout des schémas géopolitiques et géostratégiques d’aujourd’hui et de demain, l’Afrique doit abandonner la catégorie de l’anecdote, du superficiel et de l’anodin, de la dispute pour la dispute, des projets sans suivi, sans action.

Les peuples africains au nom de la Renaissance africaine doivent revisiter l’héritage culturel de l’Afrique, toutes les expériences artistiques, linguistiques, littéraires, musicales, philosophiques…

Il faut que l’Afrique dialogue avec elle-même, avec son passé, son histoire, sa mémoire culturelle.

La Renaissance Africaine passera par :

  • L’acceptation de nous même ;
  • La claire conscience du poids de notre histoire ;
  • La nomination d’un Ministre de la Renaissance africaine par les différents Etats ; Mission leur sera donnée de jeter les bases du futur gouvernement africain ;
  • La création d’écoles et d’universités avec un programme commun, africain ;
  • Le retour aux valeurs cardinales de bonne gestion et de bonne gouvernance pour une fois arrêter de donner une mauvaise image de l’Afrique et des africains ;
  • La création d’un groupe de presse panafricaine ;
  • La participation responsable de la diaspora qui doit aller au-delà de ses participations à des colloques ou conférences sur le panafricanisme ;
  • La reconsidération de la dette qui nous empêche en partie de totalement nous affranchir ;
  • La sensibilisation des peuples pour les amener à faire leurs cet ultime objectif : les Etats-Unis d’Afrique ;
  • Pousser les différents chefs religieux à jouer un rôle dans cette quête, eux qui ont des disciples partout en Afrique. Pourquoi ne pas intégrer la dimension Renaissance Africaine dans la célébration du Magal, du Gamou et autres fêtes religieuses… ?

La Renaissance Africaine doit être la raison de ultime de toute politique africaine, sur le continent africain, pour rendre à ce continent toute sa dignité, toute son importance et toute sa capacité créatrice.

Aucune Renaissance ne va sans difficulté, sans lutte, sans discipline collective.

Time is up !

Vive Les Etats-Unis d’Afrique !

Souleymane Ly

776516505

Julesly10@yahoo.fr

www.julesly.blogspot.com

samedi 29 mai 2010

Dans mon pays... (suite et fin)

Dans mon pays…

Le spirituel dispute la vedette au temporel.

« ki ñep yakaar »

roule en limousine pendant que l’on marche ;

mange gras pendant que l’on jeune ;

« deale » politique en terme de millions

Dans mon pays…

Le spirituel parle plus politique que religion ;

Il menace, intimide, presse, appelle du pied

au nom de ses millions de « fictifs talibés »

Transformés en machine électorale.

Dans mon Sénégal…

Je recommande à tous les musulmans

Les sourates 101, 102 et 103 du coran

Al Takâsur (la rivalité), Al ‘Asr (l’Instant) et Al Humazah (le Calomniateur).

Dans mon pays…

Le peuple subit toutes les hausses

Huile, sucre, loyer, « Dakar Dem Dik »

Si ça continue « Dinañu dem té duñu dik ».

ceux qui ont la chance de partir ne pensent même pas revenir.

Dans mon cher pays…

Les promotions sont « canapés-lits »

et la parité ne fera que l’accentuer.

Pour réussir on y est prêt à tout

Tuer, sacrifier, se baigner dans du sang…

« Lu ko fi jar ? »

Dans ce cher Sénégal…

On peut gagner cent millions en quelques secondes

et refuser de cotiser pour la construction nationale.

Dans mon pays…

On peut se targuer d’être talibé d’untel,

faire tout le contraire de ce qu’il prescrit

et espérer accéder aux paradis divins.

« bala ngani naam ne faa ! »

forniquer, se saouler, voler, mentir, comploter…

n’ont jamais été les prescriptions de nos illustres guides.

Eux qui ont fuit le temporel pour réussir leur mission.

Qu’ont-ils laissé en héritage ?

Tout sauf des biens matériels.

Dans mon Sénégal…

Le policier raquette le taximan, le chauffeur de car…

devant tout le monde sans que personne ne lève le plus petit doigt.

Tous les moyens sont bons pour vous soutirer de l’argent :

Clignotant, feux de position…je dis tout.

Demain ils nous reprocheront d’être mal habillés

ou d’écouter telle station radio et pas une autre.

Dans mon pays…

Parler au téléphone au volant ça fait classe.

Les bus tuent plus qu’ils ne transportent.

Dans mon Sénégal…

La corruption a fini de faire partie de nos mœurs

Qui a créé « nuyo mouride », « njegu guro », « graisser »… ?

Même pour obtenir un extrait de naissance il faut « huiler ».

Dans mon pays…

Ceux qui sont autour du bol ne crient jamais ;

Ils ne protestent et ne se radicalisent que quand le fromage leur est enlevé de la bouche ;

Ils sont prêts à tout pour rester ; s’il le faut, faire allumer des pneus et barrer la route.

Dans mon pays…

Des adultes et des vieux aux cheveux blancs,

toute honte bue, défendent l’indéfendable tous les jours

avec des arguments qui font sourire les enfants de la maternelle.

Nous vous comprenons Messieurs et dames :

« affair bi dafa nékh » !

Voitures de luxe, des villas, téléphone, carburant, passeport diplomatique, comptes bancaires f

« kumu donone nga saalit » !

Dans mon cher Sénégal…

Des cuillers peuvent coûter 45.000 francs

Des fonctionnaires fictifs payés

Des terres spoliées

Les prix de location atteindre des niveaux extraordinaires

Sans que le peuple ne réagisse.

Il dort et n’est pas prêt de se réveiller.

Dans mon pays…

Nos étudiants entrent à l’Université avec le Bac

Et en ressortent avec le Bac ;

Et quand ils ne sont pas contents

Ils s’en prennent à la Nation et non à l’Etat :

Ils cassent nos biens à tous !

Dans mon Sénégal…

reposent Cheikh Ahmadou Bamba, Elh Malick Sy,

Mame Limamou Laye, Baye Niasse…

Eux qui ne sont pas fiers de ce que nous sommes devenus.

Dans mon pays …

Celui ou celle qui donne la paire de gifle est promue ;

Il faut juste la donner en premier.

L’on nous dit toujours, pour mieux nous endormir,

Que le peuple a mûri !

Que neni ! Ce peuple n’a encore rien compris.

S’il avait mûri il n’aurait pas croisé les doigts

devant le désarroi des sinistrés de la banlieue ;

Il n’aurait pas voté oui ou non pour une constitution dont il n’a rien compris ;

Il aurait exigé une feuille de route dans toutes les langues, expliquée et commentée

A tous les partis convoitant son suffrage.

S’il avait compris il aurait…il aurait…

Dans mon cher pays…

Comment voulez vous qu’on vous y écoute

Si nous sommes les seuls à subir les hausses ;

Les seuls à voir nos enfants mourir de paludisme et de diarrhée ;

Si nous sommes les seuls à payer pour nos soins ;

Les seuls dont la progéniture crasseuse peuple les écoles publiques ;

Les seuls à suer dans les embouteillages ;

Dans mon pays…

Nous sommes les seuls à souffrir de migraine,

Tellement on ne dort pas surtout la veille des fins de mois.

Dans mon Sénégal…

Le peuple est étranglé

Et a besoin d’air

Desserrez l’étau s’il vous plait !

Au pied du mur on a plus le choix

Nous risquons de réagir !

Souleymane Ly

776516505

Julesly10@yahoo.fr

mercredi 26 mai 2010

L'ambitieux

Je veux…

Monter très haut

S’il le faut être faux

Casser des œufs à l’intersection

Prendre des bains sans friction

Des bougies comptées

Des litanies contées.

Je veux…

Monter très haut

S’il le faut être faux

Des mensonges inventés

Des complots, contre moi, éventrés

Sacrifier un bœuf noir

Egorger une chèvre noire

Enterrer vivant l’albinos

Voler plus haut que l’albatros.

Je veux…

Monter très haut

S’il le faut être faux

Devant le charlatan, accroupi

Je raconte ma vie d’incompris

De l’autre je médis

Réussir je me dis

Coup d’Etat !

Coup d’éclat !

Je veux…

Monter très haut

S’il le faut être faux

Avoir faim de l’intérieur

Paraître de l’extérieur

Coucher avec sa femme

Caresser l’infâme.

Je veux …

Monter très haut

S’il le faut être faux

Sur des cadavres, danser

À mes plans, penser

Mes intérêts coalisés

Les tiens enlisés

La mort bécotée

Ma peur encodée.

Je veux…

Monter très haut

S’il le faut être faux

Un coup de pouce demandé

Mon invitation quémandée

Ma dignité vendue

Un honneur indu.

Je veux…

Juste monter très haut

S’il le faut être faux

Souleymane Ly

776516505

Julesly10@yahoo.fr

www.julesly.blogspot.com

La Bombe universitaire de Dakar

L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est en danger et c’est le moins qu’on puisse dire rien qu’en s’attardant sur les effectifs : 65.000 étudiants dans une structure construite pour en recevoir 20.000.

Un réseau de prostitution y étend ses tentacules. C’est rare, le week end, de ne pas voir quelqu’un qui met à profit le fait que ses voisins de chambre soient partis se ressourcer à la maison pour s’adonner à des escapades fornicatrices.

A la Cité Aline Sitoe Diatta (ex Claudel), il suffit de s’y déplacer la nuit pour rencontrer des jeunes et des adultes (même des vieux) en quête de chairs fraîches et intello ; Ce sont les devantures de cette cité qui porte le nom d’une brave femme qui a fini de faire la fierté de toute la Nation, qui sont transformées en un grand parking de grosses cylindrées en attente de la fille qu’elles sont venues convoyer.

Le gars descend, sort son téléphone, compose un numéro et quelques instants après c’est une jeune fille dont l’innocence et la jeunesse sautent à l’œil qui sort avant de s’engouffrer dans une de ces voitures en attente ; direction : mystère et boule de gomme.

Les visites sont normalement interdites à certaines heures mais pas les sorties.

Au niveau du campus social la quasi-totalité des chambres sont des lieux de commerce de divers produits et services : cd, traitement de texte…

L’électricité y étant gratuite, des bénéfices sont vite faits. Le gaspillage y règne en maître : c’est l’Etat qui paie ; Non c’est le peuple qui paie !

Dans l’antre où sont normalement préparés les futurs dirigeants de notre pays, l’on y apprend à profiter de « l’Etat providence » avant même d’accéder aux hautes sphères. Le mal est là !

Des chambres qui humainement ne peuvent pas contenir plus de quatre étudiants reçoivent une dizaine d’un coup : même sous le lavabo, un matelas est rapidement étalé la nuit avant d’être rangé le jour venu.

Au sein des amicales c’est une guerre fratricide que des étudiants se livrent. Chacun sait que les membres des amicales sont des privilégiés. Ils sont logés, nourris, soignés…beaucoup plus facilement que les autres. Quid des deals autour de l’acquisition des chambres ?

Ils peuvent bloquer le système éducatif sachant bien que pour se débarrasser d’eux , le pouvoir sur qui ils essaient d’exercer une pression peut penser leur octroyer une bourse étrangère ; et cela ne date pas d’aujourd’hui : combien sont-ils , les membres des amicales, à se retrouver dans des universités en France ou ailleurs après avoir mené l’université vers une année blanche en 1988 et à une invalide en 1994. Aujourd’hui ceux qui s’agitent pour les remplacer savent bien qu’il y’a un gâteau, et une cerise dessus. C’est ce qui explique en partie que des machettes, des couteaux… fassent la loi lors des renouvellements.

Au même moment les taux de redoublement ne cessent de grimper, surtout en faculté des lettres. Il est très facile de trouver à l’UCAD un brillant élève qui échoue, ne se retrouvant pas devant ce casse tête chinois : pléthore d’étudiants, des cours vendus, aucun approfondissement lors des cours magistraux, inaccessibilité du professeur titulaire…

Sur le plan politique c’est encore plus grave. Tous les partis y ont des mouvements de soutien. Les intérêts foncièrement divergents les mettent chaque jour face à face.

Il urge que l’Etat prenne ses responsabilités au risque de voir ce cocktail Molotov exploser un jour et gagner la rue. L’heure est à la mise en œuvre de solutions osées et responsables pour que l’université de Dakar retrouve son lustre d’antan.

Pour désengorger la faculté des lettres il faut vaincre le mal à la racine, revoir les orientations dans les séries littéraires à partir du secondaire ; Ces séries reçoivent le plus grand nombre d’élèves par conséquent il est normal que la faculté des lettres soit débordée.

Il faudra aussi :

  • redynamiser les centres d’orientation qui ne jouent plus pleinement leur rôle ; qu’ils se déplacent vers les futurs étudiants avec en bandoulière la bonne information leur permettant après l’obtention du Bac de se mouvoir facilement dans le cycle supérieur ;
  • Assainir le campus social et règlementer les conditions d’hébergement ;
  • Donner plus de tonus et de lisibilité aux Centres universitaires régionaux (CUR) comme on a eu à le faire avec l’Université Gaston Berger de Saint Louis ;
  • Critérier l’accès au poste de délégué d’une amicale (bonnes notes, assiduité, bonne conduite …) ;

La liste est longue et chacun pourra proposer des solutions lors d’un grand débat sur la situation à l’Université.

Il reste à l’Etat et aux différents acteurs présents à l’Université d’œuvrer pour que jamais cette bombe n’explose !

Souleymane Ly

Julesly10@yahoo.fr

776516505

www.julesly.blogspot.com

Crachats !

Dos nu des temps,

Cheveux au vent,

Femme ! Femme !

Ton corps crame.

Femme Mère, femme sœur

Femme juste peur ;

Ta dignité en bandoulière,

Ta vie prisonnière,

Jadis, chantée

Aujourd’hui escapades vantées.

Femme mère choyée,

Femme amante dévoyée,

Hurle ta présence

Réclame ta préséance.

Lettrée, illettrée

Travailleuse, chômeuse

Peut importe

Reste la porte.

Allongée pour des tunes,

Moins valorisée que des prunes.

Sais tu ? Sais tu ?

Que ta valeur est tue.

Il vient éteindre sa peur

Dans tes bras sapeurs.

Derrière ton dos, il se glorifie

Des tes infanticides, il s’horrifie.

Ta grossesse, il ne porte pas,

Tes caprices, il ne supporte pas.

Femme indispensable

Ne trace pas ton honneur sur le sable.

Ses yeux que tu rinces

Par tes rondeurs intenses,

Voient toujours l’autre

Qu’il dessine dans son esprit feutre.

Prive le de ton trésor,

Et demain pour toi de l’or

Autour de ton cou ;

De toi il sera fou.

Menteur ! Il croit bien à la virginité

Il le nie pour fouler ta divinité.

Et demain c’est une autre qu’il marie

A l’honneur de Marie.

Même si c’est toi qu’il cravate,

Sa confiance s’écarte.

Des scènes quand il ne peut pas te joindre

Disputes pour des détails moindres.

Ta vie devient enfer

Et tes chaînes seront en fer.

Femme, mère de l’humanité

Retrouve ta lucidité

Jalouse ton trésor

Et demain ton cou en or !

Souleymane Ly

776516505

Julesly10@yahoo.fr

www.julesly.blogspot.com

lundi 22 février 2010

Barça ou Barre ça !




La dernière machine à coudre de mon atelier vient de trouver acquéreur au marché Colobane à un prix vraiment bas ; Cependant je n’ai aucun regret car ce qui m’attend est plus agréable.


Je viens de rassembler les 650.000Fcfa représentant la caution à donner à « Grand Ndandité » pour faire avec lui le voyage vers l’Espagne, à bord de sa …pirogue.


En remettant le pactole à « Grand Ndandité », j’ai eu droit, de sa part, à un discours sur la chance que j’ai de faire ce voyage :


« Boy sa affair bakhna ! Tu verras, une fois en Espagne. Tu seras riche comme Crésus ; beaucoup d’euros dans les poches. Tu reviendras un jour au pays et on te respectera ; Tu auras une belle maison, une grosse cylindrée… et même la fille qui te refuse aujourd’hui, se mettra à genoux devant toi sinon ses parents la renieront !


Cependant motus et bouche cousu sur ce voyage ; Rendez vous demain comme convenu à 4 Heures du matin, à la baie de Soumbédioune ! »


Il termine son discours en me tapotant les épaules d’un air fier : « Euy sama Modou Modou bi » !


Je sortis de chez lui, l’air pensif.


Pourquoi, lui qui dit avoir fait ce voyage plusieurs fois, n’est-il jamais resté ?


La nuit, je ne dors pas ; je songe ; je me vois déjà dans les rues de Barcelone, bien sapé et roulant en décapotable ; Dans ma tête, j’ai fini de raser et de transformer notre maison familiale en un immeuble bien en vue dans le quartier ; j’ai même inscrit devant la porte sur du marbre « Villa Mbengue ».


Je ne dis mot à personne ; même à maman qui sans nul doute m’aurait interdit de braver l’océan ; je suis son unique fils !


A 2 heures du matin déjà, j’étais prêt ; Dans mon sac à dos j’ai mis un pull over, un blouson, du couscous, du lait en poudre, du sucre…une tasse et une cuillère.


La photo de mon marabout autour de mon cou sera là pour me protéger des mauvaises surprises.


Sur place à Soumbédioune, nous sommes vingt à prendre place dans la pirogue ; inutile de vous dire que nous sommes à l’étroit.


L’on se salue et l’on prie chacun dans son coin ; Certains d’entre nous sortent de leur sac des bouteilles remplies de « safara » et s’enduisent le visage et les bras avec cette eau bénite.


« Grand Ndandité » prend la parole :


« Mes amis, nous allons faire le voyage ensemble et je vous dit tout de suite que ce ne sera pas de tout repos. Que ceux qui risquent de chialer rentrent chez eux sans tarder car nous ne rebrousserons pas chemin. Prêt pour le départ ?! »


Oui !!!! Lui répondîmes tous à l’unisson !


On chante et on discute tranquillement ; la pirogue continue inexorablement à s’enfoncer dans la gueule de l’océan et Dakar s’éloigne de nous.


Sans nous en rendre compte, la nuit venait de tomber et nous étions déjà très loin. Il faisait froid ; très froid même. Je pensais à ma mère, inquiète. Nous ne parlions plus de peur d’être entendus par les génies peuplant le ventre de l’océan ; nous n’osions même pas dormir.


Les petites lueurs du matin apparaissent faisant revenir u peu de clarté et de sérénité dans nos cœurs et nos esprits jusque là occupés par la peur.


Coup de théâtre ! Deux passagers sont là allongés, raides morts ; peut être du froid de la nuit passée.


Nous nous regardons. Que faire ?


Même « Grand Ndandité » avait perdu son courage légendaire ; il avait les yeux hagards.


Tout d’un coup, comme revigoré par je ne sais quoi, il prit la parole :


« Les amis ! Ces gens sont morts parce que leur heure a sonnée ; même s’ils étaient restés à Dakar, ils allaient mourir. Aidez-moi à les jeter à l’eau car si on les laisse avec nous l’odeur risque de nous tuer. »


Aussitôt dit aussitôt fait. Les corps sont jetés dans l’océan sans aucune prière mortuaire pour le repos de ces âmes qui étaient à la recherche de conditions meilleures.


Seulement le « Grand » n’a pas dit à tout le monde que si ces hommes étaient restés à Dakar auraient eu un enterrement digne d’un humain et ne seraient pas aujourd’hui le festin des requins.


Bref ! Moi j’étais là assis, n’en pouvant plus. Je voulais rentrer et je n’aurai même pas réclamé mon argent.


Qui va me ramener sur la terre ferme ? Personne !


Je me rappelle qu’on m’avait dit que celui qui récite la sourate « Lahat Jakoum » ne connaitrait pas la mort ce jour là. Punaise ! Pauvre de moi ! je ne l’ai pas apprise et au fond de moi je regrette de n’avoir pas maîtriser le coran ; je suis allé à l’école coranique comme beaucoup de mes compatriotes mais je ne sais réciter que trois ou quatre sourates pour mes prières obligatoires. Mais qu’à cela ne tienne , je me mets à murmurer le titre « Lahat jakoum. Lahat Jakoum… ».


Troisième matinée, quatre cadavres subissent le même sort que les premiers : être le festin de requins. Nous ne sommes plus que quatorze personnes affamées, fatiguées, malades, inquiets…


On commençait à tourner en rond. Pourquoi il n’y a pas de panneaux d’indication pour nous permettre de retrouver notre chemin ? Du retour nak ; pas de l’Espagne car je n’en veux plus ; Je ne veux plus être Modou Modou !!! Je veux rentrer !!!!


Euréka ! Un chalutier nous a retrouvé et nous a repêchés. J’ai voulu danser, sauter de joie mais je n’en avais ni la force physique, ni la force morale. Nous sommes acheminés à la frontière espagnole et abandonnés entre les mains des policiers.


Ils nous servirent à manger, du lait chaud et des médicaments. Nous n’avions aucun papier sur nous et à la question : d’où venez vous ? nous répondons « on ne sait pas » et les seuls qui osaient dire du Sénégal ajoutaient qu’ils sont des homosexuels persécutés au pays de la Téranga et qu’ils sont venus chercher l’asile.


Nous fîmes une semaine dans ce centre de détention et de transit avant de recevoir un papier qui nous permet d’entrer dans le territoire espagnol.


Barça ! Barça !


Il fait froid ici mais ce n’est pas grave « Ku beug akara dangay gnémé kani ».


Dans cette ville j’y ai vu des africains faire des boulots qu’ils n’accepteraient jamais même pour tout l’or du monde de faire chez eux, au pays : balayer les rues( Dieu sait que les nôtres sont plus sales), essuyer des vitres, s’occuper de vieux malades, jouer au chat et à la souris avec les policiers…


J’y ai rencontré des voleurs, des arnaqueurs, des agresseurs dans mon peuple.


Je reconnais avoir aussi fait la connaissance d’africains dignes, travailleurs, brillants étudiants…


Dans les chambres, une kyrielle d’occupants et la cuisine se fait à tour de rôle le dimanche.


L’argent y est chèrement gagné ! Comment font-ils ces Modou qui viennent en vacances au pays pour dépenser tout cet argent et rentrer en Europe ?


Tous ces efforts que l’on déploie pour développer ce pays auraient permis de mettre le nôtre définitivement sur orbite. Ils te diront tous qu’au pays on ne paie pas ; ils l’appellent le bled !


Et si Serigne Touba avait accepté ces choses d’ici bas, serions nous là récolter les fruits de son seul travail ? Je pense que non !


Il faut qu’une génération accepte de se sacrifier pour celle future.


Lorsque le pays européen prend des risques pour son développement avec l’aide des immigrants, ceux-ci restent toujours de simples outils économiques avec ou sans papier, de simples marginaux.


C’est une illusion de croire qu’un noir africain vivant et travaillant en France, par exemple, appartient à la mémoire du peuple français, partage les mêmes racines historiques avec le peuple français, fait partie de la conscience intellectuelle du peuple français. Il peut tout avoir : travail, position, fonction, considération, honneur, etc… ; mais il ne sera jamais l’enfant du pays dans la conscience française. On peut avoir, par assimilation, le statut de français ou française. Mais il y’a une différence profonde entre « être français » et être « considéré comme français » par assimilation. Les littératures produites par des africains en langue française relèvent de la francophonie et non de la littérature française nationale.


Je ne suis pas pour un retour définitif des émigrés mais pour un coup d’œil incessant sur le rétroviseur, pour une prise de conscience des problèmes que traverse le pays d’origine.


Restez où vous êtes si vous y trouvez votre compte mais répondez aussi à l’appel de la mère patrie ; pas seulement en envoyant de l’argent aux parents ( chose importante car participant au maintien de l’équilibre dans les familles) mais en participant à la vie politique, économique et sociale du « bled ».


Sursaut, décision, risque, prise de conscience, ambition pour un meilleur avenir, lutte persévérante, telle est ce que le peuple sénégalais, africain, attend de vous car l’urgence et la nécessité se font sentir.


Basta ! N’attendez plus !



Ly Souleymane


77 6516505


Julesly10@yahoo.fr


www.julesly.blogspot.com







jeudi 11 février 2010

Mon Rêve

J’ai rêvé de plusieurs camps qui s’affrontent pour devenir Président de la République ; chacun nourrissant l’intime conviction qu’il est né pour diriger ce pays ; qu’il est mieux né que les 11.999.999 autres sénégalais.

J’ai vu le « Tassaro » du Benno en plusieurs lambeaux : une multitude de candidats, chaque dirigeant de parti se disant que c’est le moment où jamais. D’aucuns savent qu’ils ne gagneront pas mais veulent compter au moment des négociations pour le deuxième tour ; hypothétique deuxième tour !

Et si ce « Tassaro » est jusque là retardé c’est parce que chacun croit ferme que le consensus se fera autour de sa propre personne.

J’ai rêvé d’une implosion au sein du PDSL avec nombreux de ses ténors qui iront s’allier avec les candidats de l’opposition qu’ils sentiront potentiels vainqueurs : éternelle transhumance !

Les élections seront controversées, les résultats contestés et il s’en suivra des appels au calme tous azimuts.

Je vois des cadavres jonchés les rues ; des jeunes, des enfants, des femmes, des hommes, des vieilles et des vieux.

Les affrontements feront rage et les forces de l’ordre débordées multiplieront les bavures.

J’ai vu des leaders qui se barricadent chez eux, suivant, un verre à la main, leurs militants s’affronter, investir les rues de Dakar à Fongholembi.

Des femmes en pleurs, cheveux au vent, courent dans tous les sens pour retenir leurs progénitures déchainées, envoyées au front par des dirigeants qui ont pris le soin d’envoyer leurs enfants à l’extérieur du pays et interdiction leur étant faite de fouler le sol sénégalais durant toute la période allant de la campagne électorale au retour du calme.

Je vois des conférences nationales convoquées, des opposants d’hier s’embrasser, se donner la main, se congratuler pour tous ces accords signés avec le sang des pauvres innocents.

J’ai rêvé de chefs religieux donnant des consignes de vote à leurs disciples juste parce qu’untel a dit « fii mo ko yor » ! D’autres iront même jusqu’à marchander les voix de leurs talibés moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes.

J’ai vu des télévisions, des radios, des journaux…fermés manu militari !

Je vois d’ici des jeunes en désespoir profiter de toute cette cacophonie pour déposséder d’honnêtes citoyens de leurs biens : des boutiques pillées, des cantines visitées, des filles violées…

De l’extérieur un médiateur nommé pour faire revenir le calme se frotte les mains en se disant : « Enfin ! Le Sénégal qui fait comme la moitié de toute l’Afrique. Cette paix qui faisait leur fierté n’avait que assez duré » !

Des biens appartenant à la République, à vous et à moi, sont saccagés, incendiés… Des archives et des disques durs disparaissent !

J’ai bien rêvé que dans ce chaos personne n’y gagne et tous les sénégalais y perdent : ceux de l’intérieur comme les expatriés.

Je vois des émigrés revenir au pays en masse chassés qu’ils sont par l’Eldorado ; ceux qui ont la chance de rester sont obligés de chanter la Marseillaise à la place de notre « Pincez tous » inimitable.

Je vois l’exode prendre le chemin inverse ; des familles braderont leurs maisons en ville pour aller s’installer dans la banlieue. Les prisons refusent le monde fou de directeurs, de comptables…qui à un moment ont puisé dans la caisse commune pour assurer un toit à leur famille ; Aucun salaire de fonctionnaire moyen ne pouvant acheter un appartement à 52.000.000 FCFA ou une maison à 800.000.000Fcfa.

La ville sera laissée aux riches, aux grands bandits et aux voleurs. Le sénégalais « moyen » ne peut plus payer une seule chambre à 80.000Fcfa.

Ngiir Guentë bagna done dëgg ci nioune la dess ! (Pour que le rêve ne soit pas réalité, la balle est dans notre camp).

A bon entendeur, salam !

Ly Souleymane

Julesly10@yahoo.fr

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