jeudi 14 mai 2009

Silence, on me tue!

Silence ! On me tue ! « Chuut !!! »

« Suma doom bës boo amé niaar fuki aat ak niaar…
Dinga guis niawtefu adunya bi »
Youssou, ils n’ont pas attendu mes vingt deux ans pour me faire voir les affres de la vie.
Déjà à mes trois ans le boutiquier du coin a commencé à me caresser moyennant un bonbon ; ces bonbons dont il sait que je raffole. Loin des yeux indiscrets il baissait mon slip et se faisait plaisir jusqu’à satiété. C’est seulement après cela que j’ai droit à mon dû (un bonbon) et il ne manquait pas de me dire « contaane na ! N’en parle à personne ».
Il en fut ainsi pendant des jours, des mois, des années. Je n’osais en parler à personne car moi aussi je tenais à mes bonbons ; Ce que je ne comprenais juste pas c’est qu’il y’avait chez lui une fille de mon âge plus belle et plus bien faite que moi. Pourquoi moi et pas elle ? Est-ce parce que c’est son sang ?
Vous nous violez tout le temps. Après le boutiquier c’est le tour de l’enseignant, de mon patron dans la maison où je travaille comme bonne, de mon chef au bureau, et qui d’autre ? Toi ? Non, toi tu es raisonnable.
Quand on vous prend vous feignez d’être malade ; vous vous confondez en excuses, en « je ne sais pas ce qui m’arrive ». Je vais vous dire ce qui vous arrive : vous êtes malades ! Votre cerveau est ailleurs que dans votre tête !
A la barre on ne vous descend pas, on vous défend !
Comment pouvez vous défendre un pédophile, un violeur, un assassin car maintenant ils nous tuent après avoir satisfait leur libido bestial.
Chers avocats faites entorse à votre déontologie et laissez les seuls contre tous ! Et pourquoi ne pas les castrer ? Chuut !
A la maison je subis les affres de la femme qui a remplacé maman, décédée depuis longtemps, auprès de papa. Elle n’a pas d’enfant avec papa ; Je veux dire pas encore !
Elle ne cesse de parler de l’héritage que papa, qui du reste est bien portant, doit laisser.
Elle a osé me dire un jour que maman est partie juste parce qu’elle était méchante, commère…qu’elle n’était pas aimée par mon père. Moi qu’en sais-je ? Dieu reprend –t-il une personne juste parce qu’elle est méchante ? Non ! Car si tel était le cas le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.
Toi Papa, tu assistes à tout cela impassible. Tu ne pipes mot. De quoi as-tu peur ? Pourquoi ne me défends tu pas ? Ne sais tu pas que je porte en moi la moitié de ton patrimoine génétique ?
Sois sûr que je ne te hais point ; j’ai pitié de toi. « IL » te demandera comment tu t’es occupé de moi qu’ « IL» t’a confié pour faire ton bonheur. Sais-tu qui est « IL » ? Non ? « Bu subaa ngay comprendre ».
Euy Maman revient. Mon Dieu pourquoi ne revient-elle pas ne serait –ce qu’en touriste dans ce bas monde pour que je la sers dans mes bras et que je lui dise que je l’aime au moins une fois.
Toi qui a l’extrême privilège d’avoir la tienne en vie, cours vers elle et dis lui que tu l’aimes ; Elle n’attend que cela ! Vas-y avant que cela ne soit trop tard. Chuut !
A la maison, les grandes personnes me demandent un simple bisou moyennant une pièce de vingt cinq francs sans savoir qu’ils sont entrain de construire mon avenir autour du profit.
Personne ne s’occupe si je travaille bien ou pas à l’école. Je me concentre comme tous les membres de la famille sur les « télénovelas ». On en oublie même les obligations religieuses et les vedettes sont Anna, Gustavo, Preta, Paco, Luis Alexandro…
Que nous veulent TV Globo, Ashana LTD et les autres ? Ces « télénovelas » ne sont-elles pas une autre forme d’opium du peuple venue d’ailleurs pour nous confiner dans la médiocrité ? Leurs enfants regardent-ils ces films ? Je ne le pense vraiment pas.
A mes seize ans je te rencontre, toi qui me fit découvrir le vrai amour et on se la coule douce jusqu’à ce que je découvre que je suis enceinte. C’est ce moment que tu choisis pour te défiler, pour dire que ce n’est pas toi. C’est peut être la brise de mer qui nous fouettait chaque fois qu’on allait à la plage. Tu es un lâche ! Ton fils ne te connaîtra pas !
Cependant le jour où il deviendra quelqu’un tu te présenteras pour demander ta part du gâteau avec des prétextes fallacieux du genre « je n’étais pas responsable », « mes parents avaient refusé », « je n’étais pas sûr de moi »… Chuut !!!
Mon fils grandit et je tourne la page.
Aujourd’hui c’est toi l’autre qui vient demander ma main à mes parents. Ils refusent arguant que tu es « casté ». Ils n’ont pas dit « castré » mais « casté ».
Pourquoi ne demandez vous pas à ces blancs qui se marient avec vos filles s’ils sont « castés » ou non ? Ou la caste est juste pour nous les sénégalais ? Je vous défie de me montrer une seule ligne de vos livres sacrés où l’on en parle. Chuut !!!
Déjà que l’on nous considère ailleurs comme une race inférieure, nous enfonçons le clou en créant nous-mêmes des classes sociales les unes plus inférieures que les autres. Soyons sérieux waay !
Dieu sait que quand tu venais me voir et que tu leur donnais de l’argent, le fruit de ton travail de casté ils n’ont jamais refusé.
Au contraire Papa commençait à me parler des problèmes de la maison ; En plus clair il me demander de participer à la gestion financière de « sa famille » car il n’assurait plus que le repas de midi ; le petit déjeuner et le dîner n’étaient concoctés que pour les enfants mineurs.
Exacerbée par cette pression que l’on mettait sur moi, je commence à sortir la nuit car le proverbe dit que « la nuit tous les chats sont gris ». Je rentre au petit matin avec des sommes faramineuses que je partage avec papa et ma tante. Cette dernière est devenue ma complice, mon « amie ».
Maintenant fini pour moi les brimades et autres travaux domestiques. Je dors sans que personne n’ose me réveiller et même ceux qui étaient chargés de mon éducation baissent la tête devant moi en servant aux autres un « lu mako mënël ? ».
Je porte désormais des fringues de classe qui coûtent très chers ; et mon portable tu l’as vu ? Je conduis une 406 qu’un de mes amants très haut placé qui ne s’occupe en passant ni de sa mère ni de ses frères et sœurs m’a offert gracieusement. Chuut !!!
Autour de moi, on m’envie alors que moi tout le luxe qui m’entoure n’est que trophée d’un travail que j’exerce sans fierté.
On me parla un jour de la station balnéaire de Saly Portudal comme étant un lieu où l’on se fait beaucoup d’argent dans le « métier » que j’exerce. Tu me loues un appartement à Saly Niakh niakhal, un quartier proche de la station balnéaire. Tu m’en demandes deux cent mille francs par mois sans que je te produise de garantie ou que je démontre l’origine de mes revenus ; Tu t’en fous ! Tu sais bien le travail que je suis venu exercer : Je me vends !
Nous sommes nombreuses à occuper seules des appartements trop chers ici comme à Dakar sans avoir à rendre compte sur la provenance de nos revenus. L’argent n’a pas d’odeur, il n’a que des couleurs. Tchimm !
Mes clients ne sont plus des noirs ou s’ils sont de peaux noires ils sont de masques blancs.
Ces blancs qui après nous avoir salis racontent leurs aventures à leurs « amis » sénégalais en des termes animaux : ils nous appellent « la chienne » ; ils utilisent des verbes comme « sauter », « se cambrer » … Chuut !
Moi je croyais comme tout le monde que la prostitution était tout simplement féminine mais je me suis trompée ; elle est aussi masculine. Toi aussi jeune homme tu te tues dans les salles de musculation ou tout autre lieu de fitness pour développer tes muscles pour ensuite te rendre à la plage à la recherche de cette blanche qui sera séduite par ton corps d’athlète ; Après commence le jeu de dupes : elle cherchera en toi des nuits chaudes et toi tu cherches en elle de l’argent car tu ne crois plus en toi.

Aidez nous à sortir de ce milieu ! Ne vous fiez pas aux apparences, nous sommes loin d’être fières. Nous prenons de l’alcool pour ne pas affronter ton regard et aujourd’hui je me rend compte que la plupart d’entre nous qui fréquentons les boites de nuit se saoule. On se trémousse sur les pistes de danse un verre de champagne à la main et une clope coincée entre les lèvres. Qui disait que notre pays est une cité religieuse ?
On a même honte de parler nos langues maternelles. Pour être à la mode c’est le français, l’anglais ou toute autre « langue maternelle » de l’autre venue de pays qu’on respecte plus. On roule les « R » et on débite vite pour faire dans la frime et en même temps camoufler les fautes commises. Fonkal sa bop waay !!!
Forum Banlieue Avenir (FOBA), bravo quelle idée ! Mais à quand le Forum Prostituées Avenir (FOPA). Aidez nous à sortir de ce milieu en nous organisant soit en GIE ou en Association ensuite financez nos projets et vous verrez !
Ne nous méprisez pas !
Aujourd’hui je n’ai plus espoir et la vie est devenue le Titanic pour moi et la mort un salut !
Je ne t’ai pas encore dit mais j’ai en ce moment entre mes mains le révolver de papa et quand tu auras fini de lire ce texte sache que je me suis mise une balle dans la tête. N’essaie pas de m’arrêter car ma décision est prise ; aide plutôt les autres pour qu’elles ne connaissent pas le même sort que moi. Adieu ! Je vous aime !
Pan ! Chutt !!!




Souleymane Amadou Ly

Julesly10@yahoo.fr
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7010 28580

Premiers cris "aayo néné"

Premiers cris « Aayoo néné » !

Nous, non je ! car quand je dis « je » c’est pour « nous » les enfants du monde, ta fille, ton fils, ton neveu, ta nièce, ta petite fille, ton petit fils, ta petite sœur, ton petit frère.
Donc, je ! Je prends le stylo qui t’appartient et j’arrache tes feuilles blanches pour écrire, moi aussi, mes doléances, mes peurs, mes envies, mes espoirs.
Sois toute ouïe pour moi car je vais parler, c’est mon droit le plus absolu. Ecoute moi et ensuite agis pour moi car je ne saurai le faire ; Et je sais que tu vas m’écouter si vraiment tu es véridique ! N’as-tu pas dit « Every great man you seen was a child » (Chaque grand homme que vous avez vu était un enfant.
Avant de venir dans ton monde, j’étais quelque part au ciel avec d’autres comme moi ; tu as été avec maman la porte qui m’a permis d’accéder à ton monde. Combien de couples se sont disloqués parce que j’ai tardé à être présent ? Combien êtes vous à faire des pieds et des mains pour m’avoir à vos cotés ?
Pourquoi toi à qui j’ai donné l’extrême privilège de m’accueillir chez toi, tu me réserves la fosse septique pour lit ou que tu m’étrangles ?
ENFANTICIDE = ASSASSINAT !
Et si tu savais ; j’aurai été le bonheur pour toi, j’aurai été une grande personnalité dans le monde, j’aurai été celui qui t’aimerai le plus, qui te consolerai, qui essuierai tes joues mouillées par les larmes que tu verses loin des yeux indiscrets ; j’aurai été… j’aurai été…
Si je savais que ton objectif premier était de me réduire au silence à jamais, j’aurai déjoué tes plans et frapper aux portes où l’on me désire tant. Mais saches que là où je suis-je t’attends ! Je prendrai la parole et tu baisseras les yeux. N’oublie pas que tu me rejoindras, demain, l’année prochaine, dans dix ans, je ne saurai te le dire. Mais qu’importe car je sais que tu seras au rendez vous ! Meurtrière !
Quant à toi qui me porte dans ton ventre essaie de voir souvent le docteur ou la sage-femme pour tes consultations pré natales car d’elles dépendent ma survie et la tienne. En ce moment ta bouche est la mienne, ton sang le mien.
Arrête de fumer car je ne tolère pas l’odeur de la cigarette. N’as-tu pas dit que « le droit de fumer ne te donne pas le droit d’enfumer les autres ».

Tu es mon fort, protège moi ! Je communique avec le monde extérieur à travers toi. Je vois tes peines ; je ressens tes joies.
Oh papa ! Ne la frappe pas car elle t’aime ; elle me l’a avoué. Quand des animaux piétinent ton champ tu te mets dans tous tes états ; et le seul champ dont tu disposes pour y semer la seule graine qui mérite d’être semée, qu’est ce que tu en fais ? Oses tu le maltraiter ?
Aux femmes battues ! Ecoutez que je vous dise ; ils vous battent parce qu’ils sont des lâches ; vous n’êtes point la source de leurs problèmes. Et si vous saviez. Aujourd’hui, il a baissé la tête devant un autre homme, une autre femme, pour garder son boulot, pour ne pas perdre une relation… et pour te garder toi, toi à qui il avait promis mille et une chose, faut-il qu’il te batte ? Non !
Vous vous étiez fait des promesses ; vous aviez rêvé ensemble, traversé le désert ensemble, visité les oasis disséminés ça et là, vécu les mirages. Pourquoi tant de haine maintenant ? Pourquoi tant de violence autour de moi ?
Ne savez vous pas que je suis plus sensible qu’une pellicule, plus sensible que la rétine de l’œil ? Je ressens toute la violence qui m’entoure comme je ressentirai l’affection, l’amour et la tendresse que vous vous témoignez ou que vous auriez dû.
Je viens au monde dans cette violence inouïe ; tu continues de la battre et/ou elle continue de crier sur toi, je commence la nuit à mouiller mon lit faute de ne pouvoir arrêter cette haine, cette violence. Je suis loin d’être malade ; je m’exprime. Arrêtez et j’arrête !
Plus tard à l’école, l’éducateur s’étonne devant le dessin où j’ai fait apparaître des hommes en sang, en pleurs ou que j’utilise beaucoup de rouge. Il ne faut pas s’étonner, l’explication est chez moi, à la maison.
Pour moi le dessin doit être rapproché au langage. En général, je suis sensible à la « forme de beauté » ou forme géométrique, celle qui est exécutée pour le plaisir qu’elle procure à l’œil ; je ne m’intéresse qu’à « la forme de vie », celle qui a pour but de reproduire les objets réels. Et dans mes dessins je fais la différence entre le coloris « réaliste » et celui qui est purement « décoratif ».
Aux pédophiles, vous êtes des assassins ! Comment en êtes vous arrivés là ? J’ai l’âge de votre fille, de votre fils… Pitié !
A toi coépouse de maman, je ne suis en rien responsable de vos différends. Pourquoi dois je en payer les pots cassés ? Soyez raisonnables et responsables.
Je veux aller à l’école et y rester. Ma formation initiale commence par la case des tout petits où je bénéficierai de mes premières armes tant éducationnelles que sanitaires et sociales pour affronter le reste du chemin. Il faut m’y inscrire et participer à la développer cette case du quartier.
Notre droit à l’expression est congénital. J’use de cette liberté comme vous : Seulement avant l’apparition d’un langage clair et compréhensible par toi, je m’exprime à ma manière.
A La minute qui suit ma naissance, ma venue dans ton monde, je crie. Je pleure pour manifester ma peur, mes angoisses. Je ferme les poings pour vous montrer que je suis prêt à lutter, à faire corps avec vous pour jouer ma partition dans cette symphonie mondiale, humaine ; Pourvu juste que vous m’en donniez les moyens.
Donc écoutez !




Souleymane Amadou Ly

Julesly10@yahoo.fr
77 651 65 05